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Blog d'Yvan DAUTIN
28 août 2007

Biographie

COMMUNIQUE DE PRESSE SACEM JUIN 2000


Prix René-Jeanne : Yvan DAUTIN

A la sempiternelle question : « Existe-t-il des talents méconnus ? » , ou du moins sous-estimés, on serait tenté de répondre ici : « Oui, Yvan Dautin ! », comme on disait naguère de Boby Lapointe, Boris Vian ou aujourd'hui Pierre Louki. Pour ne citer que quelques excentriques de la plume, cinglés du music-hall et autres subtils poètes en marge(s) que n'eût pas reniés le grand collège de pataphysique à l'âge d'or. Des ironistes du sort, aquabonnistes d'après minuit et joueurs de mots devant l'éternel (qu'on l'appelle Serge, Charles ou Georges) toujours prêts à s'excuser d'être nés trop sensibles, et rêvant leur vie en couplets refrains qui enchantent leurs tiroirs en attendant l'heure.

SI l'on s'en réfère aux deux « B », Boris et Boby, c'est dire si l'on peut prédire aux autres précités une belle postérité, peuplée d'hommages, anthologies et redécouvertes. Reste qu'il faut vivre et écrire au présent, et que la vie d'artiste, comme eût dit Léo, autre maître ès vache enragée dans sa jeunesse, n'est pas toujours une vie. Alors, répétons-le d'emblée, notre oiseau rare a beaucoup de talent, et même de talents, puisqu'il est à la fois auteur, compositeur, interprète, comédien et, signe distinctif des grands, autant poète dans la vie qu'humain en scène, transformant en dérision tendre tout ce qu'il touche de sa plume, concoctant en toute discrétion des perles rares et précieuses qui ne le resteront pas toujours, puisque heureusement beaucoup savent que cet Yvan-là est à sa façon aussi terrible - enfant terrible s'entend - que son ancêtre de l'Oural.

Mais notre Yvan à nous est un Vendéen pur jus, lui, né à Saint-Jean-de-Monts, et futur étudiant à Nantes, où il obtient son bac au lycée Clemenceau. Un lycéen rêveur, d'ailleurs, qui tout gamin est déjà fasciné par le cirque et qui, attiré plus tard par le théâtre, se présente au conservatoire de Nantes où il est admis auditeur libre. Tout naturellement, il joue alors en amateur avec le Théâtre de l'Équipe animé par Christian Héliou et sa femme, passant de Brecht (Les Fusils de la mère Carrare) et Arrabal (Pique-nique en campagne) à Molière (Clitandre dans George Dandin), monte des spectacles sur Vian et Prévert – autres fameux iconoclastes – dans les bistrots, et surtout... « monte à Paris », comme on dit alors. A Paris, en 1967, il « court le cacheton » en s'accompagnant à la guitare… Et ce qui devait arriver arriva : en octobre 1968, il enregistre chez Pathé-Marconi, sous la direction de l'orchestrateur Hubert Rostaing (collaborateur de Serge Reggiani, Maxime Le Forestier, Philippe Sarde...), son premier disque, un super-45-tours d'interprète avec quatre chansons d'un autre méconnu, Paul Villaz, et, dès 1969, un deuxième avec ses propres œuvres, dont La Comptine du cétacé, qui préfigure certaine Méduse. La même année, tout en faisant son service militaire, il participe aux légendaires Relais de la chanson française, concours organisé par le journal L'Humanité. Et remporte la palme avec sa Méduse (« de la plage de Saint-Malo »...). La machine est lancée : en juillet 1971, il chante à la mythique Galerie 55, accompagné par deux « pointures », François Rabbath et Michel Devy. Un enregistrement public est publié en octobre (Je n'suis pas sorti d'la cuisse à Jupiter) , et Yvan commence à faire son trou (dans le sable, évidemment, avec ses méduses et ses portugaises) avec cette chanson gag écrite dans la filiation du grand Boby, disparu symboliquement à cette époque. On le voit ainsi passer de l'Écluse, immortalisée par certaine dame brune (et dont il fait d'ailleurs la fermeture), à l'Olympia dont il présente les spectacles et où il assurera la première partie de son camarade Julien Clerc.

En pleine période post-pop, pré-disco et pré-punk, commencent les « années Dautin », mi-figue, mi-raison, qui font souffler un bel air de folie douce sur les scènes françaises : faut-il grincer, faut-il en rire.

Quoi qu’il en soit, tel qu'il est, il plaît, et ce n'est pas tout à fait un hasard s'il collabore alors avec le producteur de Dick Annegarn, Maxime Le Forestier, Serge Reggiani : Jacques Bedos. Ensemble, ils enregistrent dans les années 75 deux albums chez AZ, contenant de petites merveilles : La Mal Mariée, La Portugaise (musique de Julien Clerc), Kate, La Fille d'en bas, L'école est fermée, Son bas fila, Si tu reviens dans ma cuisine... Et, en toute logique, à l'occasion de son troisième disque, il fera une tournée avec Maxime Le Forestier (qui l'aidera beaucoup et jouera avec lui) et une autre de quelque... 150 dates avec Julien, avant de passer chez RCA avec le trente-centimètres Quand j'étais dromadaire, sous la houlette du grand Bob Socquet.

C'est le temps des « petits lieux », où il évolue brillamment entre cafés-théâtres et cabarets : Pizza du Marais (1975), Café de la Gare, puis re-tournées MJC (1976), Théâtre de Boulogne-Billancourt (dont il publie un enregistrement public devenu un « collector », avec Bernard Lubat, Beb Guérin et Paul Castanier), Théâtre de la Ville, accompagnant la parution de son troisième album RCA, Les Mains dans les poches sous les yeux (1977), Gaîté-Montparnasse en 1979. Quel producteur un tantinet curieux et inspiré rééditera d'urgence ces documents aussi précieux qu'introuvables ? !

En 1979, il publie le 45-tours Est-ce que c’est salsa ?, une des premières salsas enregistrées en France, accompagné par Henri Guedon. Puis en 1981 il renoue avec AZ, le temps de deux albums avec le compositeur-arrangeur Alain Le Douarin, Monsieur Monsieur et Le Jardinier, et, surtout conçu avec Jean-Claude Petit et Bernard Lubat, le LP Boulevard des Batignolles (où il habite alors), chanson écrite avec Etienne Roda-Gil, qui connaît un certain succès en 1982, et qui sera suivi d'un spectacle au Théâtre La Bruyère en décembre 1983.

Car notre homme est d'abord homme de scène, pour ne pas dire de scènes, comédien-chanteur et réciproquement qui, conscient (et parfois victime) de l'évolution du « métier » en ces années du son et du marketing qu'on appellera fort éloquemment les « eighties », ne met pas tous ses œufs dans le même panier. Dès 1981, il va jouer, parallèlement à son cinquième album, le rôle du légendaire Thénardier dans Les Misérables, de Claude-Michel Schönberg et Alain Boublil, au Palais des Sports. Puis il va composer et interpréter pour les enfants L'Île au trésor, mis en scène par Michel Valmer d’après Stevenson, à Paris comme en province (Lille, Lyon...), collaborer à un spectacle musical sur la résistance avec Martine Sarri. Toujours soucieux de varier les plaisirs, et d'élargir par là même sa palette professionnelle, il écrit alors un scénario avec Didier Daenincks, La Rançon de la gloire, réalisé pour FR3 par Patrick Saglio, enchaîne en 1989 avec « Bienvenue au paradis », une série d'émissions de Claude Villers sur France Inter, où lui et Luis Rego font des merveilles d'humour délirant. Disques, films et pièces se succèdent désormais à un rythme régulier, sans se bousculer pour autant : Bouvard et Pécuchet, réalisé pour la télévision par Jean-Daniel Verhaegue, avec Jean Carmet et Jean-Pierre Marielle (1989), L'Amour chagrin, 45-tours en 1990, album Le Cœur cerise en 1993 (produit par Jean-Philippe Olivi), suivi d'un spectacle au Théâtre de la Tour de Nesles... Comédien à nouveau dans Comment va le monde môssieu ? Il tourne môssieu ! de François Billetdoux, mis en scène par Jean-Pierre Miquel, qui n'était pas encore administrateur de la Comédie-Française (1994), puis dans Arsenic et vieilles dentelles à La Madeleine, mise en scène de Jacques Rosny (1995). Sans oublier deux compilations réenregistrements de ses plus belles chansons, Le Cœur cerise, déjà cité, et Ses plus grands succès, avec la collaboration d’Angelo Zurzolo (on notera la richesse de son chemin musical : François Rabbath, Patrice Caratini, Jean Musy, Bernard Lubat, Alain Le Douarin, Jean-Claude Petit, etc.). On y retrouve des merveilles comme Qu’elle est jolie la fille d’en bas, Kate, Va-t’en je t’oublierai, Marie-Charlotte, Léa, dont – on ne le répétera jamais assez – on espère bien sûr une édition intégrale des originaux.

En 1996, il écrit avec André Gaultier un spectacle pour enfants – encore une corde à son arc –, Léo Godasse, et une pièce de théâtre, Vas-y papa, qu'il ne désespère pas de voir monter un jour, ainsi que de nombreuses pièces en un acte pour Radio Bleue, notamment. Enfin, en 1999, il interprète à la Comédie-Française et au Théâtre du Vieux-Colombier L'Incorruptible, de Hugo von Hofmannsthal, mis en scène par Philippe Adrien.

Aujourd'hui, l'acide Yvan, enfant terrible de la chanson française qui charme ou dérange mais ne laisse jamais indifférent, achève l'écriture d'un album prometteur (Je ne vois qu’elle, D'amour et d’eau fraîche, Suzette...) qui n'attend plus qu'un producteur pour nous enchanter à nouveau, avec ses chansons de contrebande, comme ces pétards qu'on allume parfois pour détendre l'atmosphère sur le chemin des gens trop sérieux. Car il y a du fluide glacial, c'est-à-dire un éternel sourire d'enfance, chez cet artiste ô combien atypique. Avis aux amateurs... Et aux professionnels ! Cet homme-là a encore des choses superbes à nous dire, nous écrire, si ça vous chante.

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Commentaires
D
J'ai pu acheter le 45 tours consacré par Yvan à Paul Villaz. Excellent. L.SICARD
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S
J'aime fortement vos chansons. Je recherche votre premier 45 tours avec 4 chansons du regretté Paul VILLAZ. Toute ma respectueuse considération.<br /> <br /> Lucien SICARD Homme de Radio,Conférencier, écrivain V/Pt responsable de la chanson fse au seins de l'assion des Kfés historiques,artiste de théâtre et de variétés. Médaille de Vermeil Arts Sciences et Lettres.
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J
Bonsoir,<br /> <br /> Je viens d'écouter, sur France-culture, l'émission "Tête à tête" de Frédéric Mattei, avec ta fille, Clémentine Autain. J'ignorais qu'elle était ta fille. Je me disais: "Yvan Dautin?". Bon sang, depuis longtemps, ça me disait quelque chose... Nous nous sommes connus chez Christian Héliou, à "L'Equipe", à Nantes. "Les fusils de la mère Carrare" et "Mère courage", j'en étais. Molière et Arrabal aussi. Est-ce que tu étais à la soirée "Arrabal" à Graslin, lorsque le décor a laissé voir les "dessous", la tuyauterie... et que le consul d'Espagne s'est levé, outré, ainsi que sa femme en robe du soir et leurs invités? (C'était sous Franco) Et que nous nous nous sommes bidonnés, ensuite, en face, à La Cigale, qui n'était pas, à l'époque, un repaire de bobos?<br /> <br /> Ravi de te retrouver par l'intermédiaire de ta fille qui est une sacrée réussite. Bravo! J'ai voté Mélenchon au premier tour de la présidentielle. Je suis "Front de gauche". Quelle horreur le monde dans lequel nous vivons. Dommage qu'il n'y ait plus de Christian Héliou.<br /> <br /> Jocelyne
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G
Bonjour,<br /> <br /> Nous nous sommes rencontrés au stage chanson de coulon, et je n'ai pas oublié la sortie de ton disque , je viendrais le chercher le 20 octobre à 20 h au 20 ème théâtre. en attendant je regarde les vidéos de coulon, je t'apporterai les fichiers vidéos.<br /> <br /> au plaisir de te revoir en scène<br /> Geneviève
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F
bienvenue à Yvan dans la blogosphère, avec ce beau décor.<br /> Dautin va être mis - de droit - en lien, avec une mention toute particulière pour une de ses dernières chansons : la femme battue, bouleversante.
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